INAUGURATION COTE AU LAIT

2 juin 2001

 

députée

Pt conseil de développement pays val de lorraine

Maires

Conseillers municipaux

Excuses J Loctin

 

 

 

La décision de réhabiliter cet axe si particulier de la rue Adam paraissait chose assez claire. Il convenait de restaurer un escalier de 127 marches dans un état assez lamentable, construit il y a 40 ou 50 ans dans un esprit purement fonctionnel.

 

Il est apparu immédiatement qu’il ne s’agissait pas de rénover une rue, mais bien de redonner une âme à ce qui est bien plus qu’un axe de transfert. Le souci de la municipalité n’était pas de permettre un passage, mais d’autoriser au contraire un arrêt, d’utiliser cet espace urbain particulier comme un lieu d’appropriation de la ville.

 

Le projet devait s’inscrire dans un logique culturelle et patrimoniale, permettant aux visiteurs de cheminer en restant dans l’axe touristique de la ville, qui part de la Moselle, puis passant par la cote au laye, rejoint le château Corbin, le lavoir, la rue St Pierre et ses maisons canoniales, la place de la Fontaine et ses arcades, l’Eglise et le presbytère et enfin l’ensemble maison du gouverneur/ Porte Haute.

 

L’objectif participait ainsi de la volonté de la municipalité d’installer ce cheminement continu au travers des richesses de notre patrimoine, et devenait un élément fort de notre stratégie touristique. Nous avons besoin de mettre en évidence nos atouts pour que le visiteur soit guidé de lieu en lieu, sans interruption du charme, sans rupture du sentiment de l’histoire de la ville.

 

C’est assez facile dans la ville médiévale, c’est assez facile sur les bords de la Moselle grâce à un site naturel de qualité, encore fallait-il créer, entre les deux, un trait d’union appréciable, mais aussi remarquable en lui-même.

 

La dimension du passé ne s’arrête pas cependant à l’histoire. Elle relève aussi de nos propres enfance.

Avant l’invention du skate board, nous nous sommes tous ouvert les fonds de culotte sur la vieille rampe, nous nous sommes tous plus ou moins ouvert le crâne à l’arrivée quelquefois brutale en bas. Nous avons tous hésité devant le cruel dilemme d’emprunter la grande rue à 24% de pente ou les 127 marches de la cote au lait qu’il convenait de monter en rythme lent, au pas de montagne, sauf à arriver quasi mourant à l’ancienne mairie, le souffle court et la trogne rougissante.


 

 

Les liverdunois ont donc une histoire personnelle, pour ne pas dire un compte à régler, avec cet escalier. Il s’agissait alors d’être fidèle à ces souvenirs d’enfance, à ne pas trahir le passé et à respecter cet attachement sentimental que les liverdunois ont pour cet ensemble.

Cette inquiétude , beaucoup de liverdunois l’ont manifesté et sont venus nous voir en nous disant : « ne laissez pas faire n’importe quoi, ne défigurez pas notre cote au lait ». J’ai reçu dans ma boite aux lettres des reproductions de cartes postales anciennes avec des mots d’accompagnement m’incitant à respecter cette histoire, à s’en inspirer.

 

Voilà donc quel était le cahier des charges non écrit proposés aux 4 architectes ayant été sélectionnés pour le concours. Je tiens à les citer car chacun avait un projet de grand intérêt et il n’a pas été facile de choisir, bien qu’au final, le jury se soit prononcé unanimement sur le projet définitif, avec l’aide de M SIMON, architecte du CAUE, que je veux ici remercier pour ses précieux conseils.

 

Il s’agissait donc de Hossein Hédayati, Sylvain Giacomazzi, Jean-Paul Epin et enfin Alain Cuzon associé au paysagiste Thierry Weill.

C’est sans doute parce qu’ils s’y sont mis à deux qu’ils ont remporté le concours. Plus sérieusement, c’est l’option paysagère qui nous a séduit dans leur projet combiné à un choix architectural revenant aux paliers de l’ancienne « grimpette » des années 1900.

Le projet Cuzon-Weill mariait bien le poids de l’histoire locale, la volonté de faire un lieu de calme, permettant de profiter du site, s’intégrant dans un environnement de jardins et proposant des zones de repos dans un équipement qui a su éviter la lourdeur, l’aspect massif, grâce à des combinaisons de matériaux mais aussi à l’intégration d’œuvres d’art de Milutin MRATINKOVIC.

 

Ces statues apportent à l’ensemble une troisième dimension, elles lui donnent du volume et je trouve, une sorte de gravité.

Elles dialoguent avec les espaliers, les plantes présentent partout sur le parcours et peut être aussi, les gens qui passent.

Elles sont la preuve que l’art contemporain est un outil de la conception urbaine, capable de s’intégrer parfaitement dans un espace historique dont le château Corbin forme une toile de fond.

Je vous invite à venir le soir, lorsque l’éclairage donne à l’escalier une autre dimension et donne une présence un peu fantasmagorique à ces œuvres.

 

Une autre dimension artistique est également proposée par le photographe Jean-Michel Husson qui, à la demande d’Alain Cuzon, a suivi la construction de l’escalier, des hommes qui y ont travaillé, du bouleversement du chantier. Les 20 photos, que j’ai découvertes hier, sont superbes et au delà de leur qualité, créent une ambiance de démesure que l’on sent maîtrisée par le calme des ouvriers, leur sorte d’assurance tranquille, leur compétence.

J’espère que nous pourrons, très bientôt, vous proposer ces photos dans une exposition consacrée à cette réalisation.

 

Il faut souligner la qualité du travail qui a été réalisé ici, par l’entreprise SAEE RAMELLI, sous la conduite de M. Normann, dans des conditions de travail particulièrement difficiles, en raison de la pente et de la difficulté d’accès, obligeant les ouvriers à travailler « à l’os » comme on dit.

Merci également à Jean Trogrlic, adjoint responsable du dossier, qui l’a suivi pas à pas, avec des attentions de père et la compétence qu’on lui connaît, à Daniel Wanieswki, Directeur des Services techniques et son adjoint, Alain Vige, tous deux attentifs au respect du cahier des charges et soucieux de l’évolution future de l’équipement.

 

Au final, je crois que le pari est réussi. En tout cas, cela semble être l’avis des liverdunois dont nous attendions le verdict avec crainte.

Il ne fallait pas tomber dans l’écueil du modernisme, pas plus qu’il ne fallait succomber aux sirènes du passé à tout prix.

Les liverdunois l’ont bien compris, et beaucoup nous ont dit leur satisfaction.

 

 

Voilà donc une réalisation communale achevée.

Mais il ne s’agit que d’un épisode d’un feuilleton bien plus long, car elle comporte également une autre dimension.

La volonté de développement touristique de la ville de Liverdun n’a de sens que si elle s’inscrit dans un cadre plus large, plus homogène, ce que lui permet maintenant la dynamique des Pays. On ne fait pas du tourisme seul, par définition on s’ouvre à l’extérieur.

 

En collaboration avec le conseil de développement du Val de Lorraine, l’ex-ADVMM, dont Jacques Chérèque est le père dévoué, cet investissement a été inséré dans une logique plus large, au plan communal mais aussi au plan supra-communal car le pays du Val de Lorraine nous permet de nous positionner en cohérence avec le développement tout entier d’un bassin de vie et dans ses choix stratégiques.

 

D’abord parce qu’il nous apporte des financements, en synergie avec ceux du département qui a également participé à cette opération. Sans eux, cette réalisation n’aurait pas été possible, puisque le Pays du val de Lorraine et le Conseil Général apportent près de      % des financements.

Mais c’est parce que Liverdun a été fortement pris en compte dans les objectifs touristiques du Val de Lorraine que nous pouvons aujourd’hui définir des projets de développement ambitieux et concevoir, tous ensemble, un projet commun, respectueux des particularités et des volontés communales.

 

Les logiques de regroupement sont devenues un moteur de l’avenir et de la solidarité et c’est à l’échelle de tout un bassin de vie qu’il faut réfléchir et agir. Liverdun n’est pas une commune isolée qui travaille seule, elle est active au sein d’une structure qui pèse dans le développement régional, interlocuteur reconnu de l’Etat et de la Région et en accompagne les orientations.

Concrètement, cela se traduit par ce que vous voyez ici. Le Pays, c’est une réalité politique, mais c’est aussi une réalité palpable.


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