Ne m’en veux pas mon vieux copain, mais
l’émotion est très forte et ce n’est pas facile.
Nous étions ensemble, sur le
chemin, et ce depuis plusieurs dizaines d’années, mais la grande faucheuse
ne t’a pas épargné, sournoisement embusquée, qu’elle était, dans un recoin.
Au cours de toutes ces années,
nous avons vécu ensemble toute une succession d’événements et le premier,
alors que nous étions de jeunes employés de banque promus à un bel avenir, a
été la naissance de nos gamins à quelques jours d’intervalle ; quelle joie,
quel bonheur partagé avec leur mère, quels souvenirs.
Mais aussi quelle prise de
responsabilité, quels choix de société pour demain ; choix sur lesquels nous
avons tant échangé, débattu, argumenté ; comme tu savais si bien le faire.
Combien de fois avons-nous refait le monde ?
Républicain, démocrate
convaincu, tu en portais les valeurs.
Ces valeurs auxquelles tu étais viscéralement
attaché et que tu as su faire partager toujours avec ta bonne humeur, ton
humour et surtout ton sens de la présentation, ta pédagogie : valeurs de
respect, valeurs de solidarité, valeur de liberté, valeur d’amour.
Respect de l’autre, de ses
choix, en toutes circonstances.
Respect de l’individu avec cette
lutte permanente contre toute exclusion, toute ségrégation mais aussi avec
cette rigueur à pousser les individus à se responsabiliser, à se prendre en
charge, à prendre leur place d’humain à part entière ; ton sens très fort
des réalités.
N’est-ce pas là, une réelle
tolérance !
Pour toi la solidarité n’a
jamais été à confondre avec la charité ; refusant tout esprit de
condescendance.
L’injustice te révoltait et, je
me souviens quand, jeunes syndicalistes, nous avons impulsé un mouvement
social dans l’entreprise où nous travaillions, avec sa résolution au niveau
national par l’augmentation salariale d’une centaine de personnes, sur 300 ;
c’était en 78.
Mais je ne vais pas ici retracer
ta brillante carrière professionnelle ; car là où tu nous étais si cher,
reste et restera ton investissement social.
Investissement social toujours enclin de
respect, d’amour de l’humain ; tu étais et tu laisseras dans notre mémoire
le souvenir d’un véritable humaniste.
Humaniste fort de ses convictions mais
toujours à l’écoute de l’autre, du petit qui exprime son point de vue avec
timidité.
Par ta force de caractère, ton
honnêteté quand tu percevais une idée juste, tu te battais bec et ongles
pour la faire avancer, tu ne baissais pas la garde, quitte à remettre et
remettre l’ouvrage sur le métier.
Valeur de liberté !
Oh oui tu étais tellement attaché à la
Liberté.
Liberté de pensée, liberté d’expression, de
vivre en homme libre.
Tu l’exprimais de différentes façons, par ton
respect, encore, de la nature, de la forêt, et ta soif permanente de
connaissance des oiseaux, de leur vie, de leurs pratiques.
Liberté sur ta moto, où, comme tu le disais,
tu avais l’impression de boire l’air.
Liberté de pensée où tu excellais à plonger
dans les références littéraires, philosophiques pour étayer, affirmer ton
avis.
Homme libre, tu étais ; c’est comme ça que
nous t’aimions !
Valeur d’amour.
Amour de la vie.
Amour de l’autre.
Amour des autres.
Comment pouvoir se battre comme
tu l’as fait, sans aimer. Aimer au sens fort, au sens profond. Aimer en
donnant de ta personne, tant et tant, sans rechigner et je ne t’ai jamais
entendu réclamer en échange.
Tu étais un Homme, Didier, un
homme comme on est fier d’en connaître, que l’on est fier de compter parmi
ses amis ; et je me fais ici l’expression de nombre d’entre eux.
Tu es parti pour rejoindre une
paix bien méritée, mais tu es, tu restes tant présent dans nos cœurs.
Comptes sur nous, nous
continuerons le chemin en défendant, et s’attachant à ces valeurs qui
t’étaient si chères !
Salut Titou.
Patrick Delicourt
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