CEREMONIE DU 8 MAI 1996

 

 

 

Depuis plus de cinquante ans, nous célébrons le souvenir de ceux qui ont combattus pour une France Libre.

 

Il est juste qu’en ce jour, nos pensées aillent à ceux qui ont souffert, à ceux qui sont partis pour ne jamais revenir, à ceux qui sont revenus blessés et brisés à jamais.

 

La deuxième guerre a touché tous les citoyens: hommes femmes, enfants. Elle a fauché les combattants, elle a écrasé les civils comme aucune guerre ne l’avait fait avant. Elle a pris le monde entier dans sa tourmente, n’épargnant personne, s’acharnant sur des innocents.

 

Des hommes se sont levés pour refuser l’inacceptable. Certains ont gagnés la France Libre et se sont joints aux forces alliées. D’autres, sur le sol français, ont choisi de combattre dans l’ombre, dans les pires conditions, dans la crainte perpétuelle d’être pris.

 

J’ai du respect pour ces hommes-là, que personne ne forçait à se battre, hormis leur conscience et leur honneur.

 

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Au lendemain de l’atrocité du conflit, il y eut le chant de la victoire. Et c’était bien d’une victoire qu’il s’agissait. Non pas celle des alliés sur l’Allemagne. Mais celle obtenue, avec tant de douleurs, sur le nazisme, l’intolérance, la xénophobie et le racisme.

 

L’effroi nous gagne quand nous nous souvenons de tous ces morts, civils et militaires, parce qu’une minorité de fanatiques avaient décidé de gouverner le monde, parce que la folie de quelques hommes s’était érigée en système d’état.

 

N’oublions jamais ce que fut le fascisme. Prenons garde car aujourd’hui certains veulent nier l’holocauste, s’acharnent à banaliser et à édulcorer ce que furent l’horreur de ces heures noires, cherchent des justifications à l’injustifiable.

 

Nos pères se sont battus pour que ces temps ne reviennent jamais. Pour eux, il est de notre devoir de ne pas réouvrir la porte à la haine et à l’intolérance, source de tous les maux. Nous le devons au souvenir des combattants, des morts des camps, des familles déchirées sous les bombardements. Mais nous le devons surtout à nos enfants, eux qui attendent de nous un monde meilleur.

 

Sans doute est-ce là notre plus grande mission: protéger les générations futures de la barbarie, de la bêtise et de la haine. Apprenons-leur à s’écouter, à s’entendre, à se comprendre, à se tolérer. Et cette mission si haute tient en un seul mot: Démocratie.

 

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Il y a trois jours, nous étions à Weingarten, avec nos amis allemands, pour les journées de l’Europe. Sans doute n’est-ce pas un hasard si cette célébration de l’union des peuples est si proche du souvenir de la fin du conflit.

 

On ne peut que voir un signe dans le rapprochement de ces symboles. Un signe d’amitié, un signe d’intelligence. Lorsque nous nous souvenons de l’horreur, nous nous souvenons également de ce qu’il faut faire pour qu’elle ne revienne pas.

 

Aujourd’hui, lorsque nous célébrons le jour de la victoire, nous célébrons le besoin de l’amitié entre les peuples.

 

Nous célébrons l’ardent désir que nous avons d’un monde démocratique et libre.

 

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