CEREMONIE du 11 NOVEMBRE 1996

 

 

 

Comme chaque année, nous nous retrouvons devant ce monument qui commémore ceux qui, au début de ce siècle, sont morts et ont souffert.

 

Nous refusons d’oublier ce qui a été le sacrifice de nos pères. Nous refusons d’oublier qu’on a sacrifié des hommes, saccagé un pays, ruiné des vies et des familles.

 

Ceux qui sont partis en 1914 ont écrit avec leur sang une des pages les plus noires de notre histoire. Il faut relire le livre de Roland DORGELES et celui de Gabriel CHEVALIER pour comprendre ce que ces hommes ont subit.

 

Ils n’étaient pas des guerriers. Ils étaient ce que nous sommes aujourd’hui: des gens simples qui n’aspirent qu’à vivre heureux. Mais ils ont rencontré sur leur chemin la folie de notre civilisation quand elle explose à nos visages.

 

Ils sont allés à la mort avec le courage de ceux qui ne peuvent pas dire non. Ils ont vécus dans leurs entrailles l’horrible angoisse du lendemain qui pouvait les tuer. Chaque jour vivant était pour eux la plus grande des victoires, chaque jour sauvegardé portait l’espoir d’un lendemain nouveau, gagné sur la souffrance et sur la mort.

 

C’est pour cela que ce sont des héros. Ce qui les fait grands, ce n’est pas leurs faits d’armes. C’est leur victoire quotidienne sur la peur, sur le désespoir, sur la misère de leur condition.

 

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Depuis 77 ans, nous célébrons sans faillir le souvenir de ces hommes qui ont combattus.

 

Depuis 77 ans, nos mots sont bien souvent les mêmes. Nous voulons voir, dans le souvenir de l'horreur, les raisons qui nous empêcheront demain de connaître à nouveau la déchéance de la violence et des populations qui souffrent.

 

Depuis 77 ans, nous nous inclinons devant la mémoire de ceux qui sont morts, de ceux qui sont revenus définitivement brisés et dont les yeux n'ont plus jamais connus la paix.

 

Et pourtant...

 

Ailleurs, l'horreur continue. Quelquefois près de nos frontières comme dans ce conflit bosniaque dont l'épilogue n'a rien résolu. Aujourd'hui même au Zaïre où des milliers de personnes sont massacrées sans que nous sachions intervenir pour les sauver. En Afghanistan, où l'intolérance atteint son paroxysme.

 

L'homme, inlassablement, continue de travailler à sa propre perte. Ingénieux et précis, il invente sans relâche de nouveaux moyens et de nouvelles raisons de se détruire au nom d'idéaux qui sont un danger permanent pour la démocratie.

 

A quoi donc ont servis tous ces morts qui nous rassemblent aujourd'hui?

 

Qu’avons-nous à leur dire pour les rassurer sur notre sagesse future?


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