11 novembre 2002

 

La guerre de 14 a commencé par une belle journée d’été.

Elle s’est terminée par une froide journée d’automne, sans doute pluvieuse, comme celle d’aujourd’hui.

Ironie du temps ou présage de l’histoire ?

Ils sont partis joyeux en 14, en agitant leurs canotiers, fiers d’aller faire leur devoir d’hommes. Inconscients de ce qui les attendaient. Inconscients des raisons qui les avaient menés là. Inconscients de ce qu’ils deviendraient après.

Pour eux, il faisait beau temps ce 4 août 1914.

Le jour de l’armistice, la fin du cauchemar ne pouvait que soulager leur cœur. Mais le temps maussade et triste leur rappelait qu’ils n’oublieraient jamais.

Car si les poilus de14 sont allés gaiement faire un devoir qu’ils ne remettaient pas en cause, ils ont su après plus de 4 ans de combats, ce que la guerre voulait dire.

Le premier conflit mondial n’a pas seulement été meurtrier, il a été le premier conflit moderne, mobilisant des moyens inconnus jusqu’alors, inventant la guerre aérienne, les sous-marins, les premiers chars, le camouflage, les gaz mortels.

Toute une batterie de techniques longuement développées jusqu’aujourd’hui et dont les effets présents nous terrifient.

Je ne sais si ces hommes qui ont connu le pire, ont aussi compris que le pire pouvait être à venir. Il pourrait l’être aujourd’hui.

Nous savons avec science et talent réinventer la mort. Pour nous, tout est technique et la question n’est pas tant de savoir comment l’on doit empêcher les conflits, que de se préparer au suivant, imaginer les moyens de protection ou d’attaque, des moyens de destruction.

Il serait d’ailleurs illusoire pour une nation, de croire qu’elle ne risque plus rien. Ma génération a vécu son enfance dans une paix mondiale quasi totale et n’a pas appris que la guerre pouvait recommencer. C’est sans doute la raison pour laquelle les années 60 ont vu émerger un discours de paix teinté d’un fort antimilitarisme.

On ne craint plus ce qui ne risque plus d’arriver.

Evidemment, cette position était une erreur, comme c’est une erreur d’opposer militarisme et volonté de paix.

L’un est nécessaire à l’autre et l’histoire enseigne qu’on n’attaque pas les forts.

Mais les forts doivent être les moteurs de la paix.

Les guerre sont toujours le fruit d’une escalade. Elles surviennent lorsque la politique a échouée.

La France tente aujourd’hui, avec quelques uns de ses alliés européens, d’empêcher un conflit en Irak dont les conséquences seraient immenses , qui embraserait tout le monde arabe et qui ne pourrait que consolider les positions des extrêmistes.

Or, de quoi s’agit il sinon de pétrole ?

Les états unis reviennent aujourd’hui à une doctrine très simple, pour ne pas dire simpliste : allons chercher par la force ce dont nous avons besoin, puisque nous sommes les plus forts.

En 1918, les états ont compris qu’il fallait créer un espace de discussion pour égaliser les chances devant un conflit futur, pour mutualiser les risques. Malgré l’échec de la Société des Nations, l’existence de l’ONU reste une chance.

Bien que sans moyens militaires propres autres que ceux que les états veulent bien lui donner, elle parvient quand même à freiner les initiatives dangereuses. En tout cas, personne ne peut la balayer de la main, même si, pour les Etats Unis notamment, elle reste évidemment incontournable.

Mais il faut du temps et surtout des justifications que la mondialisation politique rend beaucoup plus difficile à produire.

Je crois qu’il nous faut une ONU forte, qui pourrait être l’instrument politique et militaire d’une justice mondiale.

La question du terrorisme international ne sera évidemment pas réglée par l’invasion de l’Irak. Elle le rendrait au contraire encore plus présent, encore plus meurtrier.

Peut on imaginer une ONU qui prenne en charge cette question, en étant à l’initiative de la lutte contre les réseaux terroristes en collaboration avec les polices des états, en se posant en régulateur des conflits mondiaux, mais avec des moyens propres et un mandat universel de maintien de l’ordre qui ne soit pas soumis à la volonté de quelques grands pays ?

C’est peut être ce que souhaite le combattant qui est sous cette pierre blanche.

 

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